Depuis 2009, le programme Fourchette Bleue, initié par Exploramer, un musée scientifique situé à Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie, a pour mission de valoriser et encourager la consommation des espèces marines du Saint-Laurent. Son objectif est de ramener ces produits oubliés dans les assiettes des Québécois et réduire notre dépendance aux importations.
« Au Québec, on importe massivement des produits marins alors que nos propres pêcheurs capturent des espèces exceptionnelles qui ne sont que très peu consommées localement, » explique Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer. Crabe tourteau, oursin, sébaste ou encore algues locales sont prisés à l’étranger, mais boudés sur le marché national.
« Nous avons voulu créer une demande locale en impliquant les chefs cuisiniers, nos ‘’rockstars culinaires” au Québec, » raconte Sandra Gauthier. L’un des premiers à soutenir l’initiative a été Jean Soulard. Aujourd’hui, poissonneries, supermarchés et bientôt les institutions publiques (CPE, hôpitaux, cafétérias universitaires) emboîtent le pas. Les algues sont notamment devenues un ingrédient régulier dans certains menus à l’UQAM et l’ÉTS dans des lasagnes. C’est tellement un succès, me dit-elle, que les plats sont en rotation régulière au menu.
Un défi logistique
Malgré l’intérêt croissant pour les produits marins locaux, leur accessibilité reste un obstacle majeur. Les centres de consommation sont concentrés à Montréal, Québec et Ottawa, alors que les zones de pêche sont en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. « Les industries de la pêche et de l’alimentation se connaissent très peu. C’est pourquoi nous avons créé le Salon Fourchette Bleue, un rendez-vous annuel qui facilite ces rencontres stratégiques, » précise Mme Gauthier.
Fourchette Bleue encourage également l’exploration de nouvelles espèces. La myxine du Nord, un poisson serpentiforme inconnu des Québécois, a été testé par des chefs locaux. « En Corée, ce poisson est apprécié. Nous avons donc demandé à une cheffe coréenne de nous montrer comment le préparer, et le résultat était délicieux ! », s’enthousiasme Sandra Gauthier.
Avec les restrictions croissantes sur certaines espèces (moratoire sur le maquereau, baisse des captures de crabe des neiges), Fourchette Bleue milite pour une consommation diversifiée et durable. « Il ne faut pas tout miser sur une seule espèce, mais réapprendre à consommer la diversité du Saint-Laurent », insiste Sandra Gauthier.
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