C’est le printemps, et avec lui, l’envie de plonger les mains dans la terre pour préparer un potager riche en saveurs et en découvertes. Cette année, pourquoi ne pas ajouter à vos semis des variétés qui allient histoire, résilience et intérêt culinaire. Voici trois trésors méconnus qui méritent une place dans votre jardin et votre assiette : l’achillée millefeuille, le haricot Fortin et le chou tatsoi.
L’achillée millefeuille : un allié pour le jardin et la cuisine liquide
Connue sous le nom d’herbe à dinde, l’achillée millefeuille (Achillea millefolium) est une plante indigène aux multiples vertus. Son histoire remonte à l’Antiquité, et elle a longtemps été utilisée pour ses propriétés médicinales et culinaires.
Côté saveurs, ses feuilles camphrées rappellent l’absinthe et l’anis, tandis que ses fleurs, amères et astringentes, trouvent leur place en mixologie, en pâtisserie et en microbrasserie. D’ailleurs, elle était autrefois un ingrédient clé du gruit, ce mélange d’herbes aromatisant la bière avant l’essor du houblon. Certains brasseurs comme Robin Biere Naturelle s’en inspirent encore aujourd’hui.

En mixologie, l’Achille millefeuille apporte une touche florale et amère aux cocktails. Infusée dans un sirop, une liqueur maison, dans un alcool neutre ou simplement utilisée en garniture, elle évoque une élégance rustique qui rappelle les champs en été. Elle se marie particulièrement bien avec le gin, les spiritueux botaniques ou les bases plus douces comme le vermouth blanc.
Au jardin, l’achillée millefeuille est une précieuse alliée. Sa floraison, qui s’étend de mars à octobre, attire les pollinisateurs et favorise la biodiversité. Elle est également réputée pour améliorer la santé des plantes avoisinantes. Côté récolte, privilégiez les feuilles au printemps et les fleurs en plein été. Séchées, elles se conservent longtemps et s’intègrent à merveille dans des plats à base d’œufs, de fromages, de viandes blanches ou de légumes racines. Elle se marie bien avec d’autres herbes aromatiques comme le thym, le romarin ou la sauge.
Le haricot Fortin : un héritage québécois à préserver
Le haricot Fortin (Phaseolus vulgaris) est un joyau du patrimoine québécois. Originaire de Cap-Saint-Ignace, près de Saint-Jean-Port-Joli, ce haricot sec se distingue par sa graine blanche marquée d’un petit œil brun-noir, similaire à un black-eyed pea.

Ses gousses jaunes de 15 cm peuvent être consommées fraîches, mais en les laissant mûrir, on obtient des graines savoureuses et polyvalentes en cuisine. Peu documentée, cette variété mérite d’être redécouverte. D’ailleurs, l’agricultrice Natacha Lambert, de Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, l’expérimente depuis trois ans sur sa ferme biologique et confirme sa productivité impressionnante et sa résistance aux maladies.
Une quête est en cours pour retrouver la famille Fortin, à l’origine de cette variété. Si vous avez des informations, n’hésitez pas à me contacter!
Le chou tatsoi : une verdure polyvalente et résistante
Si vous cherchez un légume à croissance rapide et résistant au froid, le chou tatsoi (Brassica rapa var. chinensis) est fait pour vous! Originaire d’Asie, il gagne en popularité au Canada, notamment grâce à sa capacité à pousser même en hiver et en hydroponie.
Visuellement, il rappelle une grande feuille d’épinard et se cuisine de la même façon. En seulement 21 jours, vous pouvez récolter ses jeunes pousses, et en 45 jours, il atteint sa maturité. Petit plus : ses feuilles repoussent après chaque cueillette, vous garantissant une production continue.

Côté recettes, essayé un colcannon, cette purée irlandaise aux pommes de terre et au chou dans laquelle s’intègre parfaitement des légumes verts. Une belle façon de célébrer la Saint-Patrick tout en profitant des bienfaits du jardinage!
Planter des variétés indigènes et patrimoniales comme l’achillée millefeuille et le haricot Fortin, ou adopter des légumes rustiques comme le tatsoi, permet non seulement de préserver la biodiversité, mais aussi d’enrichir nos assiettes de nouvelles saveurs.